Le Sultanat de Mohéli
Le Sultanat de Mohéli est indissociable de Madagascar. En effet, le premier sultan de l’île est un membre de la famille royale de Madagascar.
La période Ramanetaka du Sultanat de Mohéli
En 1928, à Madagascar, le Roi Radama 1er décède de maladie à l’âge de 36 ans. Il était marié mais n’avait pas d’enfant. En conséquence, dans l’ordre de succession au trône, il y avait les frères et sœurs du roi puis ses cousins germains.
Le problème, l’épouse du Roi défunt désirait garder le pouvoir. En conséquence, avec l’aide de quelques partisans, elle se fait couronner Reine de Madagascar. Parallèlement, pour consolider son règne, elle fait assassiner les membres de la famille royale pouvant prétendre au trône.
Le dernier prétendant encore vivant, Ramanetaka, avec une centaine de compagnons, réussi donc à s’enfuir, puis se réfugie sur l’île d’Anjouan. Le sultan lui permet de s’installer à Mohéli. En effet, à cette époque, les 2 îles étaient dirigées par le même monarque.
Rapidement, Ramanetaka y prend le pouvoir, et, converti à l’islam, en devient donc le sultan sous le nom d’Abderahmane en 1836.
La période Djoumbé Fatima du Sultanat de Mohéli
En 1841, suite au décès de Ramanetaka, sa fille aînée, Djoumbé Fatima, seulement âgée de 5 ans, devient Reine. La régence est confiée à sa mère Ravao. Son couronnement effectif intervient en 1849.
Pendant son règne, la France s’installe à Mohéli, prenant possession de l’île au fil des années.
D’un premier mariage avec un prince de Zanzibar originaire du Sultanat d’Oman, Mokader, la Reine Djoumbé Fatima à 5 fils (dont 2 décèdent très jeune). Ensuite, d’une autre union avec un administrateur français, Emile Fleuriot de Langle, a une fille, Salima Machamba et un fils très handicapé qui décédera très jeune.
En 1867, la Reine Djoumbé Fatima abdique au profit de son fils aîné, Mohamed. A la mort en 1874 du Sultan Mohamed, la Reine Djoumbé Fatima reprend donc son trône jusqu’à son décès survenu en 1878 où un autre fils, Abderhamane, devient Sultan.
Le protectorat de la France
Le Sultan Abderhamane est assassiné en 1885 à cause de sa cruauté envers son peuple. Il est donc remplacé par un cousin, Marjani Aboudou Cheikh. Sous le règne de ce dernier, en 1886, l’île de Mohéli est placée de force sous protectorat de la France.
La période Salima Machemba du Sultanat de Mohéli
En 1888, à cause de ses injustices, pour éviter de subir le même sort que son prédécesseur, le Sultan Marjani Aboudou Cheikh s’enfuit à l’étranger et, à la demande de la population de Mohéli, la dernière fille de la Reine Djoumbé Fatima, Salima Machamba, est proclamée Reine de Mohéli.
La Reine Salima Machamba étant encore mineure, un régent est donc nommé en la personne de Mahmoud, son dernier demi-frère encore en vie, qui est très impopulaire auprès de la population.
En 1889, la Reine Salima Machamba est exilée sur l’île de la Réunion et placée à l’internat du couvent Immaculé Conception de la ville de Saint Denis. Ensuite, en 1896, les autorités françaises lui interdisent de revenir aux Comores.
En 1898, le 21 avril, le Régent Mahmoud est à son tour déporté avec sa famille sur l’île de la Réunion, où il décède le 18 octobre de la même année.
Toujours en 1898, en décembre, les autorités Françaises maintiennent l’interdiction à la Reine Salima Machamba de revenir à Mohéli et l’oblige à rester à la Réunion.
En 1900, la Reine Salima Machamba, en se promenant dans la ville de Saint Denis de la Réunion, rencontre le Gendarme Camille Paule et en tombe amoureuse. Suite à ce coup de foudre réciproque, ils se marient donc quelques mois plus tard, le 28 août 1901.
La Reine Salima Machemba en France
Juste après cette union, sous pression et subterfuge du ministère des colonies de l’état français, la Reine quitte l’Océan Indien pour s’installer avec son mari en France. En effet, l’accès au territoire des Comores lui a été de nouveau formellement interdit par les autorités françaises.
Revenu dans la région d’origine de son mari, la reine s’installe à Cléry, dans le département de la Côte d’Or (21). Elle a 3 enfants, Henriette née en 1902, Louis né en 1907 et Fernand né en 1917.
En 1908, les 10 et 18 avril, dans le cadre de nouvelles requêtes de sa part, la Reine Salima Machamba fait valoir ses droits sur l’île de Mohéli auprès du gouvernement français. Ce dernier s’oppose avec force une nouvelle fois à son retour dans son pays, bien qu’en interne, le ministère de colonie reconnaît qu’elle est toujours en droit la reine de Mohéli.
Le 14 décembre de la même année, les députés français votent le projet de loi d’annexion des îles de l’archipel des Comores qui deviendra effective le 25 juillet 1912. En conséquence, la totalité de l’archipel devient une colonie française.
Tout au long de sa vie, Salima Machamba revendiquera constamment son titre de Reine de Mohéli. C’est d’ailleurs en cette qualité que l’état français avait prévu de lui verser une pension. Malheureusement pour elle, la France refusera toujours qu’elle retourne sur son île.
En 1964, le 07 août, la Reine Salima Machamba décède en France.
La Famille Royale de Mohéli
La fille aînée refuse d’assurer la succession de la reine. En conséquence, c’est son fils Louis, n’ayant aucune revendication pour exercer une quelconque fonction à Mohéli, qui accepte de devenir chef de la famille royale de Mohéli.
Au début du mois de janvier 1965, lors d’un conseil de famille, Louis Paule annonce à son tour son désir de ne plus assumer la fonction de chef de la famille royale de Mohéli. En conséquence, c’est sa fille aînée, Anne Paule épouse Etter, matérialisée par des actes datés du 30 janvier et du 08 mars, qui reprend cette charge. En effet, tous les autres descendants de la Reine Salima Machamba refusant catégoriquement de reprendre la fonction, Anne Etter est la seule à accepter cette mission.
Depuis maintenant plus de 50 ans, Anne Etter est le chef de la famille royale de Mohéli. Elle n’a aucune prétention en vue d’exercer un quelconque pouvoir à Mohéli, sauf celui d’aider la population en difficulté par des actions humanitaires qu’elle réalise régulièrement depuis plus de 25 ans.